La lecture est un voyage qui nous fait nous évader de nos propres vies pour mieux y revenir.

Extrait

— Ça sent comment ?
— Ça sent comment… Décrire son odeur est difficile ! Les mots semblent bien pâles à côté de cette reine blanche qui est en fait noire à l’intérieur… La tubéreuse tue. Son arme est cette odeur sensuelle, charnelle, sulfureuse qui évolue au fil des heures. […] On peut mettre en valeur son côté solaire, féminin et gourmand ou au contraire son côté sombre, terreux et animal. Dans tous les cas, elle est capiteuse, voire entêtante et surtout érotique. C’est la fleur des amants… On dit que dans l’Italie de la Renaissance, les jardins où poussait la plante étaient interdits le soir aux jeunes filles de peur qu’elles ne succombent à son envoûtement, car les jeunes hommes qui s’y promenaient aussi étaient eux-mêmes ensorcelés par ses effluves… La tentation était trop grande.
— Il faut que j’aille sentir cette fleur, vous avez piqué ma curiosité, comment une fleur peut-elle avoir tant de pouvoir !
— Il faut croire qu’Aphrodite a jeté un sort à certains fruits de la nature… Il me reste des extraits de provenances différentes dans l’atelier, je vous les ferai sentir. La fleur diffuse son parfum plus de deux jours encore après la cueillette puis elle commence à se putréfier et à dégager une odeur de pourriture, de chair en décomposition, de charogne.
— Alors l’amour finit mal ?
— Bien sûr, l’amour et la vie finissent toujours mal puisque la mort nous attend…

(Page 69-70)

C’est ça Le jardin d’Odile, la rencontre entre une journaliste et un célèbre nez, là-haut, sur les collines de Grasse. Un jeu d’échecs entre le souffle de la jeune Yula et le désespoir d’une femme qui a tout perdu, un bras de fer entre la vie et la mort. L’histoire d’une reconstruction impossible ?

Juin 2018

Paris-Jodhpur. 8344 kilomètres en Cavalero, le camping-car le plus téméraire jamais construit. C’est le périple qu’Anémone Bouchon s’apprête à faire en solitaire pour aller s’imprégner de la terre de l’autre bout du monde en vue d’écrire son 13ème roman et surtout, finalement, faire le deuil de son mari. Mais lors d’une étape, l’écrivaine embarque une jeune femme un peu secrète croisée par hasard, la belle Angèle. Pour percer son mystère, il faudra des heures de route poussiéreuse vers les pays d’ailleurs, les sables brûlants d’Iran et plus loin encore.

Cette rencontre improbable entre les deux femmes blessées, que tout oppose, en apparence, va changer bien des choses… C’est un tout autre livre qu’Anémone écrira au cours de cette aventure. Et le lien imprévu qui finira par les unir les aidera l’une et l’autre à enterrer leurs démons et se reconstruire.

C’est une de ces histoires où l’on s’égare pour mieux se retrouver. On y voyage, on y souffre et s’y apaise dans les bras chauds de la nuit indienne.

Extrait

« Elles s’installèrent dans la cour centrale sur les chaises pliantes qu’elles avaient amenées et se restaurèrent de poğacas restés dans le réfrigérateur depuis Dogubayazit. Et là, tout en mâchant son pain turc aux pommes de terre, les yeux posés sur les pierres en ruine, Anémone se mit à voyager dans le temps, et dans l’une de ses nombreuses vies antérieures…Car peut-être était-elle déjà passée par là ? Avec un peu de concentration et un brin d’imagination, elle parvint même à s’en souvenir... Elle quitta la femme du vingt-et-unième siècle et se glissa dans la peau d’un marchand persan à l’époque des Seldjoukides au Moyen Âge qui vivait du commerce de la soie. Un nomade qui sillonnait les routes à dos de chameau avec son jeune cousin qu’il avait initié au métier de négociant. Ils partaient ensemble tous les deux ans avec d’autres hommes pour un long périple dans la mer de sable, uniquement guidés par les montagnes et la course du soleil. Ce caravansérail était l’un de leurs abris favoris de la région pour passer la nuit, protégés des vents et des assauts des brigands. À l’arrivée, ils donnaient du fourrage à volonté à leur monture et laissaient les animaux reprendre des forces dans les écuries. Puis, les jambes fourbues et la peau tannée par le soleil, ils s’installaient sur des coussins sous les voûtes et dînaient comme des princes. Et avant de s’endormir à la belle étoile, après d’innombrables gorgées de thé au safran et quelques bouffées d’opium, Anoushiravan - ainsi se nommait-il - sortait son recueil de poèmes et accueillait la tombée de la nuit en lisant à voix haute, pour le plaisir de ses compagnons de route, les plus beaux vers d’un poète inconnu originaire de la Perse des temps anciens. Il avait trouvé le petit livre à moitié enseveli dans le sable, quelque part dans le désert. Comme s’il avait poussé là ou qu’il était tombé du ciel. Depuis combien de temps était-il enfoui ici, nul n’avait su le dire. Sa couverture en cuir gravée d’enluminures était brûlante mais il était en parfait état. Il s’était sans doute échappé d’une besace d’un voyageur, et attendait patiemment que quelqu’un le trouve, l’ouvre et plonge dans ses pages. Et c’était sur lui que c’était tombé, ce marchand de soie qui n’était guère lecteur. Ce fût ainsi, ce jour-là et par hasard, qu’il découvrit la littérature. Dire qu’il avait cette chance de savoir déchiffrer la calligraphie persane… Lorsqu’il lut le premier poème, il fut tellement charmé par la musique que faisaient les mots et surpris par tant de beauté qu’il ne remarqua même pas qu’un scorpion se promenait sur les brides de sa sandale. Il s’était assis dans le sable et rien ne réussit à lui faire lever le nez de son livre. Très vite, il ne put plus s’en séparer. Il était devenu son trésor, et même, son fétiche. À tel point qu’il avait pris l’habitude de dormir la tête dessus pour ne pas se le faire dérober par un de ces bandits de grands chemins, car à ses yeux, il était bien plus précieux que toute sa marchandise. On lui demandait souvent comment il faisait pour dormir avec un objet si dur pour oreiller, il répondait toujours qu’il n’avait jamais posé la tête sur une chose aussi douce que de la poésie. »

(Page 143-145)

Les mots et moi :

Ecrire, je l’ai toujours fait. De poèmes en poèmes dès mes premières années d’école, de journal en pièces de théâtre un peu plus tard, puis de contes en nouvelles inspirés par mes enfants.

Mon goût pour les langues étrangères m’a menée en Maîtrise d’anglais à l’Université Lumière Lyon II où une spécialité de théorie littéraire m’a fait découvrir les œuvres des auteurs anglophones et explorer le roman. Une expérience dans l’enseignement et d’autres aventures professionnelles plus tard, c’est un voyage en Afrique qui m’a donné envie d’aller plus loin et d’écrire des histoires à la croisée d’autres cultures.

Voilà où j'en suis aujourd'hui... avec l'envie de vous faire partager ces deux premiers romans publiés, La fille de Jodhpur et Le jardin d'Odile.

J’aime ces petits riens, ces riens du tout…qui me font sentir vivante :

  • Une pluie d’avril pleine de promesse
  • Quand ma langue tombe sur une graine de cardamome dans un plat indien
  • Le tonnerre de l’orage qui me gronde dans le ventre
  • Creuser le sable tiède avec mes orteils
  • L’odeur de la terre mouillée après une averse d’été
  • Les hirondelles qui trissent dans le jour qui finit

Et j’aime encore :

  • Le charme un peu désuet des parfums anciens
  • La coïncidence du ciel et de la mer qui les unit et les confond et rend le monde infini
  • L’âme bleue des rues d’ici et là
  • L’automne qui arrive et le printemps qui revient
  • Le souffle boisé de Juliette Hurel lorsqu'elle joue à la flûte la Sicilienne de Bach
  • Me lever aux aurores pour écrire dans les brumes matinales
  • Le ronron des chats, la Bretagne et le chocolat amer…

Chers lecteurs, 

Vous avez besoin de moi pour vous évader, vous distraire, vous émouvoir ? J'ai autant besoin de vous pour que mon texte se mette à vivre, pour que les mots que j'ai choisis voient le jour dans vos esprits et que les personnages s'animent dans les décors que j’ai plantés. À n’en point douter, la lecture est la consécration de l'écriture...

Vous avez lu La fille de Jodhpur et/ou Le Jardin d'Odile et vous voulez m'écrire ?

À vos plumes !

Rencontre
vendredi 15 mars 2019 - 18h au café littéraire

Médiathèque
21 avenue de la Libération
69290 Saint-Genis-les-Ollières

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